En visite au Canada du 23 août au 6 septembre, le Rapporteur spécial sur les formes contemporaines d’esclavage pour les Nations Unies, Tomoya Obokata, a fait un arrêt à Montréal pour rencontrer des organismes et écouter des témoignages de personnes travailleurs migrants temporaires victimes d’esclavage moderne.  

Sœur IsaBelle Couillard, s.g.m., présidente du conseil d’administration du CATHII et représentante de l’Amérique du Nord à Talitha Kum a participé à cette rencontre importante où la parole donnée fut principalement aux victimes de la traite au Québec, Canada. Elle était accompagnée de sœur Lise Gagnon, s.n.j.m., représentante de TK des 3 Amériques, Mme Kavitha Culum, chargée de projet au CATHII, Mme Sofia Farro Ranke, étudiante en maîtrise en criminologie et Mme Renaude Grégoire, notre agente de développement et de plaidoyer. C’est cette dernière, en mai 2023, lors du Colloque sur les travailleuses migrantes temporaires, a informé les organisations présentes qui défendent les victimes de la traite du projet d’inviter le Rapporteur spécial de faire un arrêt au Québec.

 
Que ce soit sur des fermes, dans l’industrie alimentaire ou dans des maisons privées, les témoignages entendus et les analyses présentées avaient plusieurs points communs : contrat non respecté, longues heures de travail, peu ou pas de congé, isolement et menaces, obliger de faire un travail qui n’était pas dans l’entente, promesses non tenues de faire venir ses enfants, harcèlement sexuel, obligation de faire des massages (prostitution) pour que l’employer confirme que la domestique remplisse les conditions  afin que celle-ci puisse demander la résidence permanente, méconnaissance de ses droits, difficulté de faire valoir ses droits à cause des menaces d’employeur, long délai et objection d’employeur devant la CNESST, accès aux soins de santé refusé ou retardé, délai pour obtenir un nouveau permis de travail (ce qui fait que le travail temporaire devient un sans-statut et vit dans l’illégalité), endettement, discrimination et racisme, etc.  Un travailleur migrant temporaire a eu un accident de travail qui l’a rendu paraplégique.  Une des survivantes a lancé ce cri du cœur au Rapporteur spécial : « Mettez fin à l’esclavage! Mettez fin au permis fermé! »

D’ailleurs il fut signalé que les États-Unis ont aboli le permis de travail fermé car la jurisprudence considérait que cela était de l’esclavage moderne.  Mettre fin au permis de travail fermé est une des recommandations formulées par toutes les organisations, dont le CATHII.

Fin mai 2023, le CATHII avait envoyé une soumission au Rapporteur spécial et une invitation à venir rencontrer les ONG.   
Le Rapporteur spécial sur les formes contemporaines d’esclavage a tenu une conférence de presse le 6 septembre dernier.  Son rapport sera rendu public en septembre 2024.

Sœur IsaBelle Couillard, SGM, Représentante régionale de l'Amérique du Nord

5 octobre 2023